L'homme d'antan a-t-il disparu ?

Publié le par Lilly Thammavongsa

 

Qu’il est difficile de concevoir qu’un homme ayant vécu dans les années cinquante puisse avoir servi d’exemple à celui d’aujourd’hui. Tant de choses ont changé et pourtant rien n’empêche que des similitudes soient encore présentes…

Pour soutenir notre recherche nous avons demandé à un couple la perception de leur vécu dans les années septante mais également comment ils décèlent les changements de notre époque : Guy et Sophie quadragénaire, et conjoints depuis quatre ans vont nous aider à répondre à cette question. Plongeons-nous dans différentes facettes qui ont visiblement été remodelées avec le temps…

 

 

 

> L'homosexualité

 

 

Déjà dans les années cinquante, ce sujet était un tabou auquel il ne fallait même pas penser. À Paris, il était interdit aux hommes homosexuels de se travestir même pour des spectacles ou encore de danser entre eux. On faisait face à la censure, à la rigueur moralisatrice. On associait l’homosexualité à la criminalité. D’après certains courants de pensée, notamment aux États-Unis, il s’agissait d’une maladie mentale contagieuse (pédophilie, troubles psychiatriques). L’homosexuel des années cinquante était avant tout anormal ! « Même si à l’heure actuelle, on l’accepte plus facilement. Depuis mon enfance, on n’en parlait jamais. Donc je n’ai pas été éduqué de sorte à concevoir et comprendre que des personnes du même sexe puissent avoir une relation et s’aimer. Je ne le peux pas puisque j’ai grandi dans une époque où le fait de le tolérer n’était même pas concevable… Malgré ça, je n’ai rien contre ces personnes, j’en côtoie et j’ai un rapport avec eux qu’on qualifie de « normal ». Ça ne fait pas d’eux des personnes différentes… » ajoute Guy.


Alors me diriez-Premi--re-marche-de-la-fiert---homosexuelle--rub-copie-1.jpgvous : comment vivaient-ils cette situation? Ceux qui assumaient « leurs tendances » -comme ils l’appelaient- n’avaient d’autres  réflexes que de se cacher de leurs proches et du public. Ceux pour qui il était inconcevable de mener cette vie, compensaient par le sport, le travail, la religion ou, échappatoires plus extrêmes, l’alcool, la drogue et la prostitution. Ou encore par le meilleur remède à cette époque : le mariage et la vie de famille.

Bien entendu comme à toute époque, des hommes se sont battus pour des causes, nous retenons notamment Jean Thibault qui créa « Futur », le premier journal homosexuel. Défiant les mœurs de l’époque, ses articles osés, provocateurs et progressistes ont sans nul doute libéré et déculpabilisé les homosexuels. Des mouvements s’en sont suivis à travers le monde pour défendre cette cause comme un droit propre à chaque homme. À l’heure actuelle, l’homosexualité est plus accessible mais pas pour autant un sujet de discussion controversé. Sophie enchérit : « C’est toujours choquant mais il faut évoluer avec son temps. Si jamais on a des enfants qui choisissent d’aimer le même sexe, il faut savoir être tolérant et accepter. Et puis si les personnes sont heureuses, c’est le principal. Et les rejeter ne changera rien ! »


Heureusement, l’individu homosexuel peut mener sa vie au grand jour, ceux qui veulent unir leur amour peuvent même se marier (dans certains pays) mais aussi adopter un enfant s’ils le souhaitent. De plus, l’homosexualité n’a pas été acceptée uniquement dans la réalité, mais aussi dans le monde des arts, puisque de nombreux films et artistes clament haut et fort leur attirance pour le même sexe.

Bien sûr, même si les choses ont avancé depuis les années cinquante, il reste des discriminations : à l’embauche, à l’obtention d’un logement et même à la vente. Ainsi que toutes les insultes qui en découlent… 


En somme, aujourd’hui, cette façon d’aimer qu’autrefois la société considérait comme un problème est à présent quelque chose qui commence à être toléré. Et puis après tout, ce n’est qu’amour…

 

 

 

> La masculinisation des métiers féminins

 

 

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, même si l’homme est plus actif dans le ménage, il n’y a pas pour autant plus d’hommes qui exercent des métiers de femmes. On constaterait plutôt une féminisation des métiers, puisqu’on remarque que depuis les années cinquante, les études pour les femmes sont plus accessibles provoquant alors une porte ouverte aux métiers qui étaient jusque-là réservés aux hommes.

 

Homme-sage-femme--rubrique2---Lefigaro.fr-.jpgCependant d’une manière générale, nous découvrons ces dernières années une mixité croissante des activités professionnelles, travaux qualifiés ou non. 

Depuis quelques décennies, nous apercevons une augmentation d’employés masculins dans les secteurs à l’origine davantage destinés aux femmes, comme l’éducation ou encore le domaine médical. Qui n’a pas remarqué la recrudescence d’hommes sages-femmes ou de caissiers de supermarché, d’infirmiers, d’assistants sociaux ou encore d’instituteurs en école maternelle ? Plusieurs hommes, même s’ils sont encore très peu nombreux, choisissent également de rester au foyer et d’élever leurs enfants pendant que madame est au travail. « Si la femme a voulu devenir l'égal de l'homme, celui-ci peut très bien exercer une activité qu’on qualifie de féminin. La parité marche dans les deux sens ! Bien entendu, en comparaison à nos parents et grands-parents, le fait d’échanger les rôles était inconcevable ! Pour moi, ça ne peut être qu’une chose positive » déclare Sophie.

 

L’image de l’homme depuis les années cinquante s’est féminisée, leurs choix de vie ou de carrière sont beaucoup plus ouverts. Tout ceci est le résultat d’une vision de la vie privée qui a changé ou plutôt évolué ! Les hommes en congé parental, le statut socioprofessionnel des femmes de plus en plus souvent supérieur à celui de leur conjoint, ont activé le processus de masculinisation et de féminisation des métiers. Et ce n’est pas plus mal après tout !

 

 

 

> L'homme au pouvoir

 

 

Indira-Gandhi--rubrique3---Google-.jpgIl est rare de voir, au fil des années, des femmes accéder au pouvoir. Bien sûr, nous pouvons tout de même relever quelques femmes qui ont fait avancer l’histoire, la justice, la politique, à l’instar d’Indira Gandhi, élue Premier ministre de l’Union indienne en 1966. Ou l’égalité avec une Simone Veil qui fit autoriser, parmi ses nombreuses actions, l’avortement en France. Elles ont acquis plus d’autonomie et sont d’autant plus visibles dans la société. Sophie exprime son avis sur la question : « Il n’y a que des avantages à voir une femme au pouvoir même si comme vous le dîtes, souvent, c’est l’homme qu’on retient le plus dans l’histoire. Alors pourquoi pas une femme ? On conçoit enfin qu’elle peut égaler l’homme. Le fait de leur donner cette voix affirme encore davantage l’égalité homme/femme. Un échange de pouvoir entre gente masculine et féminine ne peut être qu'une bonne chose pour l’avenir. »  Cependant, on remarque encore un faible pourcentage de femmes ayant entre leurs mains ce qu’on appelle « le pouvoir », ce que l’Homme cherche en permanence.

 

« L’homme choisit l’homme » d’une manière générale mais avec les époques, les mentalités ont changé et les cultures aussi. On accepte mieux la présence de la femme dans les domaines qu’on qualifiait autrefois comme réservés aux hommes. Prenons comme exemple : Dalia Grybauskaite devenue la première femme chef d’Etat de la Lituanie depuis l’an dernier, Pratibha Patil élue présidente de l’Inde en 2007 ou encore Johanna Sigurdardottir nommée Premier ministre islandais en 2009, également première femme chef d’un gouvernement occidental à déclarer ouvertement son homosexualité. Sans oublier Angela Merkel, première chancelière dans l’histoire de l’Allemagne et la seule chef du gouvernement en Europe à l’heure actuelle. La femme n’égale pas toujours l’homme dans ce domaine mais… ne perdons pas espoir mesdames, ça ne saurait tarder !

 

 

 

 

> L'homme dans le ménage


 

Homme-de-menage.gifNous sommes quand même loin – majoritairement - de l’homme des années cinquante. Heureusement, me direz-vous ! Remémorons-nous les anciennes publicités qui mettaient « en valeur » le rôle de la femme dans le ménage, près du fourneau à s’occuper des enfants en attendant son mari qui rentre d’une dure journée de travail ou le genre de publicité où elle présente le sourire aux lèvres la dernière technologie destinée à simplifier la vie de la ménagère. Tout cela pour dire que l’on peut quand même soutenir que nous sommes nés à la bonne époque, puisqu’aujourd’hui, lorsqu’avec un peu de chance nous tombons sur un homme qui a été élevé en ayant un minimum d’autonomie, sachant faire la vaisselle, cuisiner un repas, tenir une maison – presque - propre et tutti quanti.

 

C’est indéniable, le changement est capital. L’homme est actif dans le ménage ! Quelques fois même plus actif que sa conjointe. « Aujourd’hui c’est bien différent, la femme ayant depuis ce temps accès à l’éducation. Elle est aussi active dans le monde professionnel que l’homme et il est donc pour moi normal que l’homme soit aussi présent dans le ménage. Nous nous divisons mieux les tâches que par le passé et c’est le résultat d’une évolution du mode de vie. C'est une bonne chose ! » soutient Guy. 

Certaines femmes se réjouissent d’un compagnon qui cuisine divinement, d’autres de celui qui se révèle être une parfaite fée du logis, mais aussi le papa non pas poule mais cool qui vous aide et qui laisse même parfois sa carrière entre parenthèses pendant un temps. Bref, en dépit de certaines exceptions, de bien des déceptions, reste que l’homme a changé. Et ça, ce n'est pas du tout pour nous déplaire, ni à lui ni à elle...

 

 

 

Qu’en déduire ? L'homme d'antan est-il mort ? Est-ce que nous sommes loin de l’homme des années cinquante ? D’une manière générale, la société a évolué et par conséquent ses habitants aussi. On distingue autant de facettes positives que négatives. Le temps a joué son rôle et espérons qu’il le fasse encore, en bien…     

 

 

Publié dans Reportages

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