« Le souvenir est oublié »

Publié le par Barbara Jurkiewicz

Depuis ses 16 ans, Hervé Eeckloo est photographe. Il fait partie de ses rares personnes capables de vivre de leur passion. À 45  ans, il émet le constat d'une évolution toujours plus photogénique du monde de la photographie.

 


Lorsque vous avez commencé la photographie, de où êtes vous parti ?

 

 « À 16 ans, mes parents m'ont offert un super Nikon F3 argentique, c'était du matériel de pro, presque trop d'ailleurs. J'ai pu prendre le temps de le découvrir et de le dompter (rires). Je voulais capter le vivant et l'immortaliser. Avant les gens n'achetaient que des appareils photos jetables pour aller en vacances ou avaient un appareil d'amateur. La photo n'était qu'un moyen de se constituer des albums destinés à être rangé dans de vieux placards. Je suis parti à Gant ensuite, avec l’ambition d’intégrer une véritable école de photos. J'en suis sorti major de ma promotion. Ça a été l'une de mes plus grandes fiertés... »

 

 

Nikon-F3-a.jpgAvez-vous remarqué une évolution dans le monde de la photographie, que ce soit au point de vue amateur comme au point de vue professionnel ?

 

« Outre l'évolution technologique, la photo s'est démocratisée et vulgarisée. Le numérique a provoqué un véritable bouleversement dans les métiers qui tournaient autour de la photo. D'ailleurs, on dit bien « l'ère du numérique ». Bref, tout le monde a son petit appareil photo numérique dans sa poche pour capter le moindre moment. Le souvenir est oublié, on veut du matériel. L'exemple de Facebook illustre à merveille cette génération qui ne vit que par l’intermédiaire d’un réseau social. Absolument tout transite par ce site. Il n'est pas rare d'entendre à l'occasion soirée : " Tu mets les photos sur Facebook demain, hein ! " »

 



Comment expliquez-vous le retour a des formes et des techniques de photos pré-numérique ?

 

« Ça ne s’explique pas vraiment, c’est tout simplement un effet de mode. Le vintage fait son come-back à tout niveau. Personnellement, le numérique m'a redonné goût à l'argentique. Mais cela est visible aussi pour la photographie d'art. De plus en plus d'appareils photo argentiques sont vendus avec leurs spécificités comme l'effet Fish eye ou le filtre sépia. Il y a une réduction des coûts en laboratoire pour faire développer les photos. La nature du marché a évoluée. On trouvera encore de quoi s'alimenter que ce soit en pellicule ou en appareil, mais ce ne sera plus un produit de masse. L’envie de faire et de refaire du noir et blanc, du sépia ou des polaroïds est dans l’ère du temps. »

Publié dans Interviews

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